La guerre civile libanaise (1975–1990) : comprendre sans simplifier

🧭 1. Un pays multiculturel… fragile

Le Liban, depuis son indépendance en 1943, est un pays mosaïque, composé de communautés religieuses et culturelles diverses :

  • Chrétiens maronites, orthodoxes, arméniens
  • Musulmans sunnites, chiites, druzes
  • Palestiniens réfugiés (après 1948 et 1967)

Cette richesse est aussi une source de tensions, surtout lorsqu’elle s’inscrit dans une répartition politique communautaire rigide, issue du Pacte national de 1943, qui répartit les pouvoirs selon les communautés.


🔥 2. Les causes profondes du conflit

a) Des tensions internes

  • Inégalités sociales et économiques entre les régions et les communautés.
  • Revendications de représentation politique plus équitable (notamment de la part des musulmans chiites et sunnites).
  • Montée des extrémismes et des milices communautaires dans les années 1970.

b) Le facteur palestinien

  • Après 1948 et surtout 1969-70, des milliers de réfugiés palestiniens armés s’installent au Liban.
  • L’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) s’y base après avoir été chassée de Jordanie (Septembre Noir).
  • Le Sud-Liban devient un terrain d’opérations contre Israël, ce qui fragilise la souveraineté libanaise et accentue les tensions internes.

c) Une géopolitique explosive

  • Le Liban devient le champ de bataille des conflits régionaux :
    • Israël, Syrie, Iran, États-Unis, France, etc., y interviennent directement ou par milices interposées.
    • Le Liban est perçu par certains comme une « petite guerre mondiale » en miniature.

💣 3. Déclenchement et évolution de la guerre

🗓️ 13 avril 1975

Une fusillade à Beyrouth, lors de l’attaque d’un bus transportant des Palestiniens, est considérée comme le déclencheur immédiat. Elle oppose des miliciens chrétiens à des Palestiniens armés. Le pays sombre rapidement dans la guerre.

📌 Le conflit oppose :

  • Milices chrétiennes (Kataëb, Forces libanaises, etc.)
  • Milices musulmanes, druzes, et groupes de gauche libanais
  • L’OLP et d’autres groupes armés palestiniens
  • Intervention de la Syrie (1976), puis d’Israël (1978 et 1982)
  • Forces internationales (dont la France et les États-Unis à Beyrouth dans les années 1980)

La guerre est marquée par :

  • Des alliances mouvantes (des ennemis deviennent alliés, et inversement)
  • Des massacres communautaires (Sabra et Chatila en 1982, par exemple)
  • La division de Beyrouth en Est (chrétien) et Ouest (musulman)
  • Des destructions massives, des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés

🕊️ 4. La fin du conflit : l’accord de Taëf (1989)

Cet accord, signé sous l’égide de l’Arabie saoudite et de la Ligue arabe, met fin officiellement à la guerre :

  • Il rééquilibre le pouvoir politique entre chrétiens et musulmans.
  • Il prévoit le désarmement des milices (sauf le Hezbollah).
  • Il permet le retour de l’autorité de l’État libanais.

Mais la présence syrienne se renforce : la Syrie contrôle le pays militairement et politiquement jusqu’en 2005.


🧾 5. Bilan et conséquences

⚰️ Humain :

  • Environ 150 000 morts
  • Plus de 300 000 blessés
  • Plus de 800 000 déplacés et exilés

🏚️ Matériel :

  • Beyrouth détruite en grande partie
  • Effondrement économique
  • Infrastructure en ruine

💔 Social :

  • Fracture communautaire profonde
  • Mémoire traumatique : la guerre est encore très présente dans les récits familiaux et dans l’inconscient collectif

🔍 6. Pourquoi c’est une guerre difficile à raconter

  • Il n’y a pas de “gentils” et de “méchants” clairs.
  • Chaque camp a commis des violences.
  • Les alliances ont changé plusieurs fois.
  • Les causes sont internes, mais aussi importées de l’extérieur.
  • Beaucoup de Libanais préfèrent le silence à la mémoire, par peur de raviver les blessures.

💬 Conclusion : une guerre à comprendre pour ne pas la répéter

La guerre civile libanaise est une leçon complexe sur les dangers :

  • des identités figées,
  • des ingérences étrangères,
  • de l’aveuglement politique.

Mais c’est aussi l’histoire d’un pays qui survit à l’impossible, qui porte en lui une vitalité culturelle et une résilience rare.

En parler aujourd’hui, avec respect et nuance, c’est refuser l’oubli, et peut-être, poser des mots là où tant de familles n’en ont jamais trouvé.

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