🎶 Fairuz : La voix de l’âme arabe

Fairuz est bien plus qu’une chanteuse. Elle est un symbole. Une icône. Une mémoire. Sa voix traverse les générations, les frontières, les guerres, les révolutions. Au Liban comme dans tout le monde arabe, son nom résonne avec une forme d’éternité.

Avec ses accents mystiques, son chant tremblant et précis, sa posture discrète, presque sacrée, Fairuz incarne l’âme musicale d’un peuple tout entier. Elle chante l’amour, la patrie, les matins de Beyrouth, les soirs d’attente, les villages perdus et les exils sans fin.


🌐 Origines et jeunesse

Fairuz, de son vrai nom Nouhad Haddad, est née en 1934 à Jabal al-Arz, dans les montagnes du nord du Liban. Sa famille, modeste, d’origine chrétienne maronite, s’installe à Beyrouth alors qu’elle est enfant.

Dès l’âge de 7 ans, elle se fait remarquer par sa voix à la fois étrange, pure, tremblante, et déjà porteuse d’une mélancolie inhabituelle. Elle entre au conservatoire national de musique, où elle apprend le chant classique et oriental.

Elle travaille très jeune comme choriste pour Radio Liban, où elle est repérée par le musicien Halim El Roumi, qui lui donne son nom de scène : Fairuz, qui signifie « turquoise » en arabe.


🎶 La rencontre des Frères Rahbani : naissance d’une légende

La carrière de Fairuz prend un tournant décisif lorsqu’elle rencontre les frères Assi et Mansour Rahbani, compositeurs et poètes visionnaires. Assi deviendra son mari.

Ensemble, ils créent un langage musical nouveau, entre tradition arabe, influences occidentales, et expérimentations audacieuses. Ils développent un style reconnaissable entre tous :

  • Des mélodies modales et lyriques
  • Une orchestration riche, inspirée par le jazz, le classique, le folklore
  • Des textes poétiques et énigmatiques
  • Une voix féminine, ni puissante ni criarde, mais intimiste, fragile, habitée

📅 Les années 1950–1970 : l’âge d’or

Pendant plus de 20 ans, Fairuz devient la voix du matin au Liban. Chaque jour, les radios ouvrent avec ses chansons. Elle chante la patrie, l’amour pudique, les villages, la nature, le temps qui passe.

Elle se produit à Baalbeck, à Damas, au Caire, à Alger, à Paris, à Londres… Les capitales arabes l’accueillent comme une reine. Elle réunit les Arabes de toutes confessions, de toutes régions. Sa musique est un point d’union dans un monde fracturé.

Ses opérettes musicales comme Petra, Mais El Reem, Jibal Al Sawwan sont de véritables fresques, mêlant musique, théâtre et satire politique voilée.


🌌 Une voix unique : tremblante, verticale, mystique

La voix de Fairuz ne cherche pas à dominer. Elle flotte. Elle suspend le temps. Elle se tient droite, fragile, mais verticale. Elle ne force rien, mais impose tout.

On parle souvent de sa voix tremblotante. C’est une vibration, une imperfection assumée, qui donne une profondeur émotionnelle unique. Cette voix est près des larmes, du souffle, de la prière.

Elle n’est pas dans la performance vocale, mais dans la présence pure. Comme si la voix était la même chose que l’âme.


🎵 Ses plus grandes chansons

  • « Kan éna tahoun » (Il y avait un moulin) → ballade nostalgique
  • « Nassam âlina el hawa » (Le vent a soufflé vers nous) → hymne à l’amour perdu
  • « Li Beirut » → poème déchirant à sa ville meurtrie
  • « Habbaytak bi Sayf » (Je t’ai aimé en été) → classique de la chanson d’amour
  • « Bhebbak ya Libnan » → déclaration d’amour au pays, en pleine guerre civile

🌎 Le succès dans le monde arabe et au-delà

Fairuz est l’une des très rares chanteuses à être aimée de toutes les générations et de toutes les sensibilités politiques, religieuses, sociales. Elle est respectée par les nationalistes, les laïques, les islamistes, les communistes, les chrétiens, les musulmans, les poètes et les révolutionnaires.

Elle a chanté au Carnegie Hall, à l’Olympia, à Londres, à Buenos Aires. Partout, les Arabes en exil pleurent en l’écoutant.

Fairuz est devenue la voix de la nostalgie collective arabe.

Tic, tic, tic, mère de Sleiman / تك تك تك يا ام سليمان

تك تك تك يا ام سليمان
تك تك تك جوزك وين كان؟
تك تك تك كان بلحقله
عم يقطف خوخ و رمان

Tic, tic, tic, mère de Sleiman
Tic, tic, tic, où était votre mari ?
Tic, tic, tic, il était dans les champs
Ramassant des prunes et des grenades.


🌿 Une icône discrète, presque sacrée

Fairuz ne donne plus d’interviews. Elle ne parle pas. Elle ne commente pas l’actualité. Elle ne se montre pas.

Et pourtant, elle est partout. Sa voix résonne dans les taxis, les cuisines, les marches politiques, les souvenirs amoureux, les deuils, les exils.

Elle incarne une forme de verticalité morale, de dignité, de pureté dans un monde souvent brutal. Sa discrétion est une forme de grandeur.


🎙️ Fairuz et la politique : au-delà des clivages

Pendant la guerre civile libanaise, elle refuse de chanter pour un camp. Elle ne se produit pas au Liban. Son silence devient un message. Elle est l’artiste de tous les Libanais, de toutes les victimes.

Cette neutralité lui vaut un respect immense. On la surnomme : la conscience de la nation.


📚 Discographie et collaborations

  • Plus de 1 500 chansons enregistrées
  • Des dizaines d’albums : Bint El Harass, Kifak Inta, Wala Kif, Eh fi Amal
  • Des opérettes, des films musicaux, des pièces théâtrales
  • Collaborations avec : Ziad Rahbani (son fils), Mohamed Abdel Wahab, les grands poètes et compositeurs de la région

💚 Fairuz aujourd’hui

Même si elle ne chante plus en concert, Fairuz reste une présence vivante. Chaque nouvel album est un événement. Chaque apparition publique crée l’effervescence.

Elle est devenue une figure de référence, un monument. En 2020, lors de la crise libanaise, Emmanuel Macron

a tenu à la rencontrer à Beyrouth. C’est dire le poids symbolique de sa personne.


🌺 Conclusion : une voix pour l’éternité

Fairuz n’est pas simplement une chanteuse. Elle est une mémoire affective, une prière, une mélancolie incarnée. Elle est la voix qui unit les Arabes dans leur pluralité, leur douleur, leur beauté.

Sa façon de chanter, tremblante et verticale, est une leçon de pudeur et de grandeur. Elle ne cherche pas l’applaudissement. Elle cherche à toucher. Et elle y parvient, depuis plus de 70 ans.

Fairuz, c’est la voix d’une terre, d’un peuple, d’une histoire. C’est aussi, tout simplement, la voix de l’âme.

Cuisine libanaise authentique et savoureuse

© 2025 Fuwéké crée par Yumea

 

Contacts

Fuwéké
Chez Kajiro Sushi
28 avenue Jean Jaurès
38150 Roussillon